Ngugi wa Thiongo est un écrivain Kenyan qui avait décidé de ne plus écrire en la langue du colonisateur. Il est d’ailleurs emprisonné pour avoir fait jouer sa pièce de théâtre en sa langue maternelle, le Kikuyu. Traduit en plusieurs langues, il a incarné un nationalisme culturel qui s’exprime par l’écriture. C’est un auteur majeur de la littérature africaine qui s’est éteint le 28 mai 2025 en Géorgie aux Etats unis à l’âge de 87 ans
Considéré comme le plus grand écrivain kenyan, Ngugi Wa Thiongo s’en va, laissant derrière lui une œuvre aussi grande qu’elle est authentique. Authentique de par son écriture. Depuis 1977, après avoir été emprisonné pour avoir fait jouer sa pièce de théâtre Je me marierai quand je voudrai en plein air en Kikuyu, sa langue maternelle, Nguigi Wa Thiongo décidera d’écrire son prochain ouvrage en cette langue. « Je me devais de continuer à écrire dans la langue qui m’avait valu d’être incarcéré » confie-t-il en 2017, dans le magazine Telerama. A partir de sa cellule de prison, Ngugi Wa Thiongo écrit Caitaani mutharab-Ini, littéralement : Le diablesur la croix, son premier roman en Kikuyu qui sera publié chez Heinemann dans la collection African Writers Series. « Le retour au kikuyu n’était pas seulement un retour à une forme d’authenticité. L’idée était surtout de changer de point de vue sur le monde et la place qu’on y occupe », explique l’universitaire Aurélie Journo. C’est vers la fin des années 80 qu’il décide de n’écrire qu’en Kikuyu. Dans son dernier livre en anglais, à partir de l’Angleterre où il vit exilé de son kenya natal, il fait ses adieux à l’anglais, cette langue qui, « plus qu’une langue : devient la langue, devant laquelle toutes les autres durent s’incliner révérencieusement », note-t-il, en 1986, dans son essai majeur, Decolonising the Mind (Heinemann, 1986), traduit en français en 2011.
Ngugi Wa Thiongo est l’un des auteurs majeurs de la littérature Africaine. Sa littérature aussi riche qu’engagée, qui depuis les premières publications de l’auteur kenyan dénoncent les injustices néo coloniales, lui ont valu de figurer à maintes reprises dans la short List des favoris pour le prix Nobel de littérature. Un prix qu’il considère comme valorisant, mais pas essentiel. Je ne considère pas cela comme une consécration » se confiait-il en 2017 à Telerama. Comme quoi, comme pour la langue, Ngugi wa Thiongo n’attendait pas le prix Suedois pour valider son écriture.
Né James Ngugi un 5 janvier 1938 au Kenya, il mourra Nguigi wa Thiongo, à l'âge de 87 ans. Romancier, dramaturge, essayiste et universitaire, il mourra loin de sa terre natale, le Kenya. Cette terre qu’il avait quittée en 1977. Il y retournera en 2004, avant de s’exiler à nouveau, pour sa sécurité. Il s’est éteint le 28 mai dernier. Et la pièce de théâtre qui lui avait valu la prison, aujourd’hui, est libre d’être jouée au Kenya.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire