Une femme a disparu est un livre publié en 2024 aux Éditions Stock qui raconte une histoire d'amour entre Constance et Jean-Martial. Ce récit qui se nourrit des résistances camerounaises explore les questions d'amour, d'engagement et de passion.
Par Soultan Tmp
C'est une histoire mélancolique qui nous plonge dans les espérances de Constance qui avance en pointillé sur le chemin de ses incertitudes. Elle revient sur un chemin qu'elle avait quitté il y a 20 ans. Elle revient à Yaoundé, là où elle avait connu l'amour et la littérature. L'histoire, la poésie et la révolution. Même si Yaoundé avait changé, rien n'était différent pour Constance. Jean-Martial qu'elle avait aimé est partout. La femme qui a disparu aussi. Elle avait écrit sur les deux. Et d'autres visages sont apparus, d'autres pistes aussi. Tous pour la mener vers des réponses qu'elle ne se posait même pas souvent.
Tardives ? En tout cas, Constance a pu rencontrer la femme qui avait disparu. Avant qu'elle ne disparaisse définitivement. C'était une vieille femme maintenant que la prison avait brisé. Elle s'appelle Sara. Enfin, on croit. Peut-être s'appelait elle Catherine aussi. Le prénom que Constance lui avait donné dans son livre. Enseignante à l'université de Yaoundé 1, Sara avait payé cher de ses engagements contre un régime qui ne l'admettait pas. C'était en 1991 - Les villes mortes. Sara avait été arrêtée alors qu'elle rejoignait une réunion de manifestants. Elle a été arrêtée un soir de mai 1991, dénoncée par Jean-Martial, son étudiant, l'amour de Constance. De là jailli de nouveaux questionnements en elle. Qui était Jean-Martial ? L'avait il tant aimé pour réparer ce qu'il avait fait à Sara à qui Constance ressemble comme deux gouttes d'eaux ?
Constance était devenue enseignante d'histoire aussi. Comme Sara le fut. Elle avait soutenu une thèse sur les femmes combattantes dans le maquis camerounais pendant la guerre d'indépendance. Elle avait appelé son fils Ruben, comme Mpodol - Um Nobel qu'elle avait découvert par Jean-Martial. Tout ce qu'elle faisait était en résonance avec Jean-Martial dont la mère était une Maquisarde.
Ce livre est une lettre d'amour au Cameroun que Constance découvre à ses 17 ans. En tombant amoureuse de Jean-Martial, elle tombe à même temps amoureuse du pays et de son histoire. Les guerres d'indépendance, les villes mortes, la grève de 2008... tout fait désormais partie d'elle. Tout va la ramener au Cameroun. Elle lit Mongo Beti, écoute Dina Bell... puis déménage à Yaoundé avec son fils et sa solitude.
Anne-Sophie Stefanini nous propose un récit haletant et intime qui explore les complexités de la vie. Elle mêle des existances toutes aussi fragiles les unes que les autres qui se nourrissent de leurs quêtes intrinsèques. Les personnages se suivent. Se succèdent même. Se croisent parfois. Mais disparaissent tous pour ne laisser place qu'à la mélancolie et l'espérance de Constance qui avance pantalon bleu et tee-shirt blanc.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire